Carrefour international de théâtre 2023 : coups de coeur de l’équipe

Avec sa nouvelle échelle de tarifs, qui donnait la liberté au public de payer le montant de son choix pour se procurer des billets de spectacle, le Carrefour international de théâtre de Québec a ouvert grande la porte aux découvertes. Il n’en fallait pas plus pour piquer la curiosité de l’équipe de Chéri-e J’arrive, qui s’est élancée à la rencontre de moult propositions audacieuses pendant ces 16 jours de festival. L’aventure terminée, voici que nous vous partageons nos coups de cœur de l’édition 2023.

H+
(Théâtre Astronaute)

H+ est une réflexion sur la performance qui estompe magnifiquement les frontières entre la scène et les coulisses. En cette ère d’hyper-individualisme et de pression de productivité, il était facile de se retrouver dans le récit que nous livrait le créateur. C’est un assemblage réussi d’anecdotes personnelles, de science et de philosophie que j’ai beaucoup aimé et qui a tiré plusieurs larmes aux spectateurs.

– Frédérique Larouche

Phèdre!
(François Gremaud)

Phèdre. Le nom vous est familier. Il s’agit d’une des œuvres les plus étudiées dans les cours de littérature de cégep dans le monde entier. Phèdre, c’est un incontournable du maître du classicisme, Jean Racine. Pour tout vous dire, c’est un texte et un personnage qui m’exaspère et que je cache dans le fond de ma bibliothèque pour en oublier l’existence.

C’est donc avec beaucoup de surprise que j’ai eu un coup de coeur pour la proposition de François Gremaud. Non seulement la forme de la conférence théâtrale propose une vulgarisation comique d’un texte intouchable, mais aussi une explication hautement divertissante (et digeste) d’une vaste partie de la mythologie grecque dans laquelle l’histoire prend Racine. Mes hommages au charisme et au rythme soutenu de Romain Daroles, qui porte seul un spectacle mémorable qui m’aura finalement réconcilié avec mes traumatismes collégiaux.

– Émilie Rioux

Ciseaux
(Pleurer Dan’ Douche)

Sans surprise, j’ai été absolument charmée par Ciseaux, une production des cofondatrices et codirectrices de la compagnie de création Pleurer Dans’ Douche, Geneviève Lebelle et Mélodie Noël Rousseau. De prime abord, j’ai souvent un faible pour les œuvres documentaires puisqu’elles valorisent, par-dessus tout, l’inscription du réel et de la mémoire dans l’art. Dans leur cabaret Ciseaux, à l’aide d’archives visuelles et sonores, mais aussi de témoignages de personnalités LGBTQ+ telles que Nicole Brassard, Manon Massé et Safia Nolin, les deux créatrices et interprètes retracent l’histoire lesbienne et féministe du Québec, des années 60 à aujourd’hui.

Tout au long du spectacle, j’ai été émue, ébranlée, souriante, rieuse et fière. C’est peut-être dû à ma découverte de Jeannine Mahès, première femme lesbienne à avoir témoigné ouvertement de sa sexualité à la télévision, à la dénonciation des descentes policières dans les bars lesbiens des années 70-80, au long baiser échangé par les deux interprètes et partenaires de vie au son de Fiori-Séguin, ou encore à la machine imaginaire servant de « gaydar » qu’elles testaient, en début de spectacle, sur le public. Instructif, revendicateur et ludique, Ciseaux est la preuve que le théâtre queer mérite une place plus prépondérante sur la scène culturelle québécoise.

– Ève Nadeau