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Deux collections pour préparer les vacances

par Alex Tremblay Lamarche, le 26 mai 2021 | Chéri-e j’arrive

Avec le retour du beau temps, la levée des interdictions de déplacement entre les régions, mais la fermeture des frontières qui perdure, il y a fort à parier que bon nombre de Québécois miseront sur diverses régions de la province pour passer leurs vacances cette année. Chéri(e) j’arrive vous propose donc aujourd’hui deux collections de livres parfaites pour se plonger dans l’histoire des régions du Québec en vue de les visiter ou à dévorer au retour d’un séjour dans celles-ci.

Les régions du Québec

Depuis une quarantaine d’années, l’Institut national de recherche scientifique (INRS) travaille à la publication de synthèses sur l’histoire des régions du Québec afin de permettre aux Québécois de mieux connaître leur histoire et leur territoire. Si le souci du détail des auteurs qui contribuent à cette collection a fait des volumes qu’on y publie de bonnes briques qui peuvent impressionner par leur taille, il n’en demeure pas moins que cette collection gagnerait à être mieux connue vue la richesse des informations que ses ouvrages contiennent. Les tables des matières détaillées et les index bien fournis permettent de facilement s’orienter et de se plonger dans les passages désirés. Nul besoin d’être un chercheur pour profiter de ces ouvrages dont les chapitres se lisent indépendamment les uns des autres.

 

Mario Filion, Jean-Charles Fortin, Robert Lagassé et al., Histoire du Richelieu-Yamaska–Rive sud, Sainte-Foy, Institut québécois de recherche sur la culture, 2001, 557 p. Coll. « Les régions du Québec ».  

Les vallées du Richelieu et de la Yamaska figurent parmi les plus anciennes régions habitées du Québec. Les rivières qu’on y trouve – en particulier la rivière Richelieu – s’imposent avant même l’arrivée des Français comme une zone de transit important entre le lac Champlain et le vallée du Saint-Laurent. Il n’est donc pas surprenant qu’on y trouve une présence autochtone depuis quelques millénaires et que la zone devienne un couloir de guerre sous le régime français. Cette caractéristique va d’ailleurs influencer le peuplement de la région, celui-ci se faisant d’abord autour de forts et étant en partie le fait de soldats démobilisés qu’on souhaite voir être en mesure de reprendre les armes si l’ennemi devait débarquer.

La proximité de la région avec Montréal et les États-Unis s’impose aussi rapidement à la fois comme un avantage et un désavantage. Si elle permet un essor économique important aux seigneuries qui se développent dans la région puis aux industries qui vont y naître au XIXsiècle, elle cause également une forte émigration qui prive les lieux de capitaux humains. Cela n’empêche toutefois par la région de voir de nombreuses institutions religieuses s’y installer au milieu du XIXe siècle et l’État s’y déployer de façon de plus en plus structurée tandis qu’une vie culturelle animée par des amateurs prend forme. Si le Richelieu, la Yamaska et la Rive Sud demeurent « le jardin du Québec » au XXe siècle, ils se transforment également avec la démocratisation de la voiture et l’arrivée de nouvelles technologies de communication. La population qu’on y trouve est de moins en moins productrice et de plus en plus consommatrice de contenu culturel tout en adoptant un mode de vie à l’américaine avec l’avènement de la banlieue.

 

 

Les régions du Québec… histoire en bref

Si la collection « Les régions du Québec » gagne à être consultée en amont ou en aval d’un séjour, il en va tout autrement de sa petite sœur, la collection « Les régions du Québec… histoire en bref ». Ses ouvrages de 150 à 200 pages présentés dans un petit format feront le bonheur de ceux qui désirent quelque chose de léger qu’on peut facilement traîner en vacances. On y suit, encore une fois, toujours un modèle commun à l’ensemble de la collection: après avoir brossé un portrait géographique de la région, les auteurs en exposent l’histoire dans un récit richement illustré découpé par de nombreux sous-titres qui aident le lecteur à s’orienter. Des repères chronologiques et bibliographiques complètent chacun des ouvrages.

 

Guy Laperrière, Les Cantons de l’est, Québec, Presses de l’Université Laval, 2009, 200 p. Coll. « Les régions du Québec… histoire en bref ».

Dans Les Cantons-de-l’Est, l’historien Guy Laperrière relate l’histoire de cette région développée plus tardivement que celles qui jouxtent le fleuve Saint-Laurent. Après en avoir établi les frontières et brossé quelques-uns de ses traits géographiques, l’auteur évoque la présence des Abénaquis sur les lieux et leur départ vers de nouveaux horizons. Puis, il décrit l’arrivée d’immigrants britanniques en remettant en question cette idée bien ancrée dans la mémoire collective que les « Loyalistes » qui s’installent dans cette région fuyaient tous la Révolution américaine.

Après s’être développés sous un modèle différent de celui de l’écoumène seigneurial, les Cantons-de-l’Est voient arriver une « déferlante canadienne-française » (p. 56) qui en changera le visage définitivement et leur donnera un caractère distinct des autres régions du Québec. Cela n’empêche pas pour autant les lieux de s’industrialiser dans la deuxième moitié du XIXe siècle et la première moitié du XXe comme partout ailleurs dans la province. On y voit d’abord naître des usines de papier et de textile grâce au développement de centrales électriques, puis des villes papetières émerger.

 

 

Roger Blanchette, L’Outaouais, Québec, Presses de l’Université Laval, 2009, 184 p. Coll. « Les régions du Québec… histoire en bref ».

La région de l’Outaouais se développe plus tardivement que celles qui se situent en aval sur le Saint-Laurent en périphérie de Québec, Trois-Rivières et Montréal. Cela n’empêche pas qu’on y trouve une présence humaine constante depuis 6000 ans et qu’on va y voir passer de nombreux « voyageurs » sous le régime français. Il faut toutefois attendre le début du commerce du bois pour que la région se développe plus activement sous le dynamisme de Philemon Wright et le milieu du XIXe siècle pour que des institutions s’y structurent plus sérieusement (le diocèse d’Ottawa en 1847, la future Université d’Ottawa l’année suivante, etc.).

La fin du XIXe siècle voit la région connaître un nouvel essor sous l’impulsion de nouveaux industriels tels qu’Ezra Butler Eddy et la famille MacLaren qui offrent dans les deux cas du travail à bon nombre de Canadiens français. Peu à peu, Hull devient une capitale régionale qui, même presque entièrement rasée par un incendie en 1900, se développe de plus en plus en symbiose avec Ottawa. La prohibition lui permet ainsi de devenir le petit Chicago du Canada tandis que l’expansion de la fonction publique au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale fait passer l’Outaouais d’une région d’ouvriers à une de fonctionnaires.

 

Jean-Charles Fortin, Les îles de la Madeleine, Québec, Presses de l’Université Laval, 2004, 192 p. Coll. « Les régions du Québec… histoire en bref ».

L’histoire des îles de la Madeleine remontent à des temps immémoriaux. Il faut en effet remonter jusqu’à 500 millions d’années pour en trouver la genèse. Les lieux sont alors recouverts d’un océan qui va s’évaporer en laissant derrière lui des dépôts de sel sur lesquels vont s’accumuler des roches sédimentaires et volcaniques desquels émergeront les îles de la Madeleine. L’insularité des lieux est d’ailleurs au cœur de l’histoire de cette région. Les possibilités d’utilisation agricole sont limitées et les ressources sont comptées. Dès les années 1880, on commence à y manquer de bois de chauffage et il faut se tourner vers le charbon de la Nouvelle-Écosse pour pallier à cette pénurie.

N’empêche, la région réussit à se développer en tablant d’abord sur l’agriculture et la pêche, puis en se tournant vers la pêche au homard et l’exploitation de conserveries. Tout au long de son histoire, la région est en étroite relation avec l’Acadie et les Maritimes. Ce n’est que tardivement qu’elle se rattache davantage au Québec et que le tourisme s’y développe plus sérieusement.