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CHYZ Arts

Retour sur le BleuBleu 2022

par Chéri.e j'arrive, le 29 juin 2022 | CHYZ ARTS

L’équipe de CHYZ a parcouru plus de 1000 kilomètres la fin de semaine dernière pour aller se tremper la couenne dans la baie des Chaleurs, mais surtout pour assister à la 4e édition du festival BleuBleu, à Carleton-sur-Mer. Le jeune festival offrait cette année une programmation audacieuse et diversifiée, dans une ambiance festive et inclusive. Chapeau à l’organisation, qui a su rassembler de grosses pointures comme Marjo et Hubert Lenoir avec des projets canadiens et québécois à découvrir, par exemple Micmac Drive, Jerusalem In My Heart, Pierre Kwenders, Ariane Roy et Totalement Sublime. On salue au passage l’accueil chaleureux de toute l’équipe du festival, et on note ses efforts pour rendre le site plus accessible, notamment avec le service de navette entre les scènes, rack à vélos inclus, ainsi que les toilettes pour personnes à mobilité réduite près de certains lieux de diffusion.

On vous a concocté un petit compte rendu des shows qu’on a vu en fin de semaine, question de vous donner une autre bonne raison d’assister au festival gaspésien l’année prochaine.

Photos par Gabriel Tremblay

JOUR 1

Pierre Kwenders – Scène TELUS

Le festival BleuBleu s’ouvre avec l’artiste congolais-québécois Pierre Kwenders, qui performait pour la première fois devant public les titres de son dernier album José Louis And The Paradox of Love. Sorti au printemps, son troisième opus est considéré comme le plus intime de ses projets, et on le sentait bien sur scène. Présentant des titres en cinq langues différentes, Kwenders crève la scène (et les écrans de caméra). Accompagné d’un multi-instrumentiste seulement, il enchaîne les rythmes afro-futuristes donnant accès au catalogue complet de l’artiste. Pierre Kwenders a su gagner le public, prêchant par l’exemple, se déliant au cours de la prestation. Appuyé par la foule qui en redemande, criant à ses moindres mouvements, il termine la fête avec Malemba, Ego et la triomphante Kilimandjaro. Avec fierté, il conclut avec un très réjouissant : « Bonne Saint-Jean à tous! C’est ça aussi, le Québec! » 

Par Guillaume Pepin

 

Gros Méné – Scène TELUS

Après la chaude prestation de Pierre Kwenders, l’incontournable feu de la Saint-Jean est allumé sur la plage du parc des Horizons. Environ 250 festivalières et festivaliers sont attroupé.es autour du brasier, à regarder les flammes comme on regarde la tv. Sous la tente, Gros Mené ne se gêne pas pour décaper la scène TELUS. Le groupe, en formule quatuor, nous offre un mur de son digne de sa réputation. Ça fait 10 ans qu’on n’a pas eu droit à du nouveau répertoire signé Gros Mené. Les éternels ados Fred Fortin et Olivier Langevin étaient occupés ailleurs. Depuis 2012, ils n’ont pas chômé, avec deux albums parus sous la bannière de Galaxie (Zulu, 2015; Super Lynx Deluxe, 2018) et deux albums pour Fred Fortin en solo (Ultramarr, 2016; Microdose, 2019). Pax et Bonum, le p’tit dernier de Gros Mené sorti en avril, réuni les deux amis dans leur facette la plus heavy, et, aux dires de Fred Fortin, dans leur projet le plus théâtral.

 

Sur scène, on entend des classiques comme Vénus et Ovechkin, mais surtout du nouveau stock. On a droit à des solos un peu chaotiques, des gros face à face entre la guitare d’Olivier Langevin et celle de Fred Fortin  qui joue aussi de la basse sur certaines chansons  et une communication active entre les musiciens qui évoque des cocus d’équipe d’impro. Le groupe recommence les shows depuis peu, rodage de nouveau matériel en cours, et Fred nous confie à la blague que « peut-être qu’au dernier show de l’été on va être rendus pas pire ». Pour lui, ce projet-là, c’est aussi chercher les beaux accidents. Je ne pense pas me tromper en disant qu’on est plusieurs à embarquer dans les sorties de route de Gros Mené. 

Par Érika Hagen-Veilleux

 

JOUR 2

Emilie Kahn  Cabane-à-Eudore 

La journée s’amorce en douceur à la fameuse Cabane-à-Eudore, située directement sur la grève avec la Montréalaise Emilie Kahn. Accompagnée de sa fidèle harpe, Emilie joue les enjôleuses avec le public, présentant les nouvelles compositions tirées d’un album à venir, mais aussi des compositions de l’opus Outro. L’utilisation de pédale loop et de l’instrument comme boîte de résonnance pour sa voix sont efficaces. Par contre, la position statique obligée et les multiples anecdotes fades créent une certaine lassitude pour le public. Il demeure attentif à la magie de la harpe… et du paysage! 

Par Guillaume Pepin

 

Hubert Lenoir – Scène SiriusXM

On migre vers la scène du quai, où on sait que ça va brasser. Effectivement, Hubert Lenoir, fidèle à lui-même, éclate sur scène. Espiègle, il explique au public ce qu’est un mosh pit, devant l’évidence que Carleton-sur-Mer est non initiée à ce genre de bain de foule. Toute sa gang de musiciens est allumée sur scène, littéralement, vêtue de vestes fluo de brigadier. Le public, jouissif, scande « condoléances à tout ceux qui sont comme moi » et « à moitié garçon, à moitié fille où à moitié mort ». Hubert crowd surf, sa robe blanche pogne dans le vent, Felix Petit crinque le monde avec son sax, Noémie Leclerc est sur scène avec sa caméscope et filme le spectacle de l’intérieur, en dansant à se démancher le cou. On a l’impression d’assister à l’incarnation de l’esprit du rock. Tout le monde en redemande. On s’attendait à rien de moins.

Par Érika Hagen-Veilleux

 

Jerusalem In My Heart – Aréna Léopold-Leclerc

Après une bonne dose de l’icône Lenoir, on se dirige à l’aréna pour 23 h. On se joint à un public intimiste, allongé sur des tapis au centre de la patinoire. L’espace scénique est délimité par un grand écran de projection. Il y plusieurs instruments sur scène, dont un drum machine, un micro et un buzuk, ainsi que quatre projecteurs de film analogue 16mm posés sur une table derrière le public. On s’apprête à assister à une expérience non conventionnelle, la spécialité de Jerusalem In My Heart, le projet immersif audiovisuel du musicien montréalo-libanais Radwan Gahzi Moumneh et de l’artiste albertaine Erin Weisgerber.

Pendant une heure, Radwan, seul sur scène, nous rentre dedans. Il navigue entre des passages saccadés et agressifs et des moments de contemplation dense. Erin, à l’arrière, manipule à la main, avec virtuosité, une vingtaine de pellicules de film, créant des projections évolutives tout au long du spectacle. Le public reçoit une œuvre visuelle et sonore viscérale, avec une charge émotive et sociale qui ne laisse personne indemne. On en ressort la gueule à terre, avec l’impression que ce show va nous habiter longtemps.

Par Érika Hagen-Veilleux

 

Pascale Project – Umi Yama

En quittant l’aréna, on se retrouve au Umi Yama pour se dégourdir avec le DJ set de Pascale Project. Inspirée par les scènes électroniques internationales, l’artiste basée à Montréal nous transporte entre techno berlinoise et la house de Chicago. Le retour aux sonorités des années 90 sont à l’honneur. On prend plaisir à voir l’artiste derrière les platines, concentrée à donner la meilleure soirée aux festivalier.ères. On quitte avant la fin pour se reposer en vue de la journée finale du festival. Peut-être que Pascale a glissé quelques-unes de ses propres compositions pendant la nuit? En tout cas, on a bien hâte d’avoir accès à de nouvelles créations dans un futur proche.

Par Guillaume Pepin

 

JOUR 3 

Le Ren – Cabane-à-Eudore

Riches de notre journée du samedi, on se rend à la dernière brochette de spectacles dimanche après-midi, en commençant à la Cabane-à-Eudore. Une centaine de festivalier.ères sont éparpillés entre les herbes hautes et les estrades. Sur scène, Lauren Spear, alias Le Ren, berce la foule avec son folk introspectif, un peu hors du temps. Ses chansons sont intimes, sans artifices. Mention spéciale à la chanson Dyan, écrite au sujet de sa mère, un gros coup de cœur pour notre équipe. Lauren est ancrée sur scène, même si elle nous confie avoir le trac. Son charisme est doux, profond et patient. Originaire de Bowen Island, au BC, Le Ren partage au public que c’est son premier show avec vue sur mer. Il faut le dire, la Cabane-à-Eudore est le site le plus pittoresque du festival, un lieu patrimonial historique de la région de la Baie-des-Chaleurs. Difficile d’imaginer un meilleur endroit pour entendre Le Ren jouer, qui performe cet été son album Leftovers un peu partout en Europe, au Canada et aux États-Unis.

Par Érika Hagen-Veilleux

 

Marjo – Scène du quai 

Après avoir tiré quelques galets en regardant le soleil descendre sur la baie, on se rend au bout du quai pour voir nulle autre que Marjo. Le site est bondé de monde, de tout âge. On quitte la planète du folk en cinquième vitesse. Marjo entre sur scène comme une furie, dans un kit de jeans blanc pétant, et entonne Illégal, que tout le monde s’empresse de chanter à bout de voix avec elle. Elle a du coffre pour dix, de l’énergie à revendre, et des années d’expérience derrière la ceinture. L’ambiance est un peu délirante, on voit les super fans dans le public, tout le monde a le sourire étampé dans face. Il plane un mélange de nostalgie sucrée, avec l’impression pétillante que tout est possible, quand on chante à tue-tête qu’on est « amoureuse, amoureuse de la vie ». Doyenne du festival, Marjo enchaîne les succès, autant les siens que ceux de Corbeau, avec une générosité sans fond, accompagnée de son groupe de gentils motards. Le public lui mange dans la main. On le sait tous.tes, qu’elle est faite pour ça. Elle termine son show en lançant « Salut ma belle gang, je t’aime, il faut que tu vives longtemps! »

Par Érika Hagen-Veilleux

 

Totalement Sublime – Aréna Léopold Leclerc

 On décide de se laisser décanter un peu les oreilles avant d’aller voir Totalement Sublime, à 23 h. Le groupe est de passage à Carleton pour présenter leur spectacle exploratoire Thru Oaee Uie pour la troisième fois cette année. Le show est basé entièrement sur l’improvisation et la composition en direct, un moment pour le public d’assister au processus créatif d’Élie Raymond, de Marc-Antoine Barbier et de Thomas Bruneau Faubert pendant près d’une heure. L’univers électro ambiant des trois multi-instrumentistes résonne dans l’aréna, où le public est nombreux à être au rendez-vous. Les gens sont allongés, les yeux fermés. C’est un show qui se reçoit par le corps, même si des projections un peu psychédéliques accompagnent le groupe. Le trio a passé l’après-midi à enregistrer du sax sur la plage, et utilise entre autres ses enregistrements de la journée en temps réel. La communication et la complicité des trois musiciens sont palpables sur scène. À l’automne, Totalement Sublime compte s’installer et ré-écouter tout le matériel généré en spectacle pendant l’été, pour y dénicher les bons coups et les idées à récupérer, pour ensuite organiser les compositions qui iront sur leur prochain album à partir de ce matériel. C’est une expérience plutôt rare, en musique, d’avoir droit à la prémisse d’un album à venir sous forme de spectacle. Sachant ça, pendant le show, on s’accroche à certains moments trippants qui, on l’espère, reviendront sur l’album. Totalement Sublime, c’est un titre approprié pour un spectacle qui l’est tout autant.

Par Érika Hagen-Veilleux

 

La fin de soirée se termine sur le dance floor, encore une fois au Umi Yama. La terrasse est pleine, les gens sont contents d’être contents, la musique porte sur l’eau. Y’a pas grand monde à Carleton-sur-Mer qui dort. On reprend la route le lendemain, rassasié.es de notre expérience au BleuBleu 2022. Ça vaut le détour!