L’évolution d’Esperanza Spalding
Esperanza Spalding, première artiste jazz à avoir remporté le très convoité Grammy remis au Best New Artist, ne chante plus vraiment son amour pour la note bleue sur son dernier album intitulé Emily’s D+Evolution. C’est qu’elle se la joue un peu pop star, l’alter ego en prime, tout en s’aventurant sur des terrains musicaux quelque peu abstraits et fort denses par moment. Évoquant parfois St. Vincent pour la hargne rythmique, ou bien les grandes années de Joni Mitchell pour ce qui a trait à la haute voltige mélodique, ou encore Janelle Monae pour la dégaine, Spalding surprend sans cesse sur ces douze titres qu’elle coréalise avec Tony Visconti (David Bowie, T. Rex, Gentle Giant).
Qu’elle se fasse plus pop n’implique pas pour autant qu’elle se complaise dans les formes éprouvées. Tout au contraire, Spalding propose une œuvre exigeante qui, au premier abord, pourrait rebuter, de par ses excès, les auditeurs moins aventureux. Il serait pourtant fâcheux de ne pas y replonger puisque derrière les Gorgones que peuvent être les élans fusion ou les sonorités très 90s de certains morceaux, se tapissent de grandes chansons qui rassasient la tête tout autant que le cœur. Un disque marquant, mise à part la pochette un peu tape-à –l’œil.