Nous avons rencontré un des candidats à l’investiture de Québec solidaire dans Taschereau : Étienne Grandmont. Plusieurs militants et électeurs de la circonscription sont venus à sa rencontre lors d’une soirée publique tenue dans un petit salon bondé de la microbrasserie La Barberie. Il ne prétend pas vouloir remplacer Catherine Dorion qu’il qualifie de députée-poétesse de Taschereau qui a su mettre en lumière plusieurs enjeux majeurs, tels que l’indépendance du Québec, l’importance de faire rayonner notre culture, le désastre que représente le projet de 3e lien, l’urgence d’améliorer le transport en commun, avec au premier chef le tramway, et l’intimidation médiatique que font certaines radios de Québec. Mais sans vouloir la remplacer, parce qu’elle est, selon lui, « inimitable », il partage tout de même ces luttes communes. De plus, il est féministe et veut la parité au sein de son équipe et donner des postes-clés à des femmes pour l’aider dans le travail qu’il y aura à faire autant pour son investiture que comme député.
Natif de Québec, Taschereau est au centre de sa vie depuis 20 ans. Il est connu pour son engagement communautaire, en particulier auprès d’Accès transports viables. Taschereau étant au cœur des grands enjeux de transport (tramway, 3e lien, conversion de l’autoroute Laurentienne en boulevard), il veut continuer à porter ces dossiers à l’Assemblée nationale. Il désire mettre son expertise des dix dernières années et sa façon de travailler en concertation, en mobilisation et en brassant un peu la cage au service des gens de Taschereau et même du Québec.
L’autre enjeu important pour lui est le droit des locataires. Il constate que le prix des logements est beaucoup trop élevé par rapport aux revenus de beaucoup de gens vivant dans Taschereau. Il faut selon lui éviter les rénovictions, légiférer pour s’attaquer à la trop grande présence de Airbnb et construire du logement social de façon massive dans les quartiers centraux.
On lui a demandé comment il pouvait aller chercher un consensus pour le projet de tramway pas seulement dans Taschereau, mais partout dans la capitale nationale. Il nous a répondu que ce projet allait changer les habitudes de déplacement pour beaucoup de gens, que ce sera une offre supplémentaire qui va aider ceux qui n’ont pas d’offre de transport en commun adéquate. Il dit également qu’on pourrait redéployer plus loin les autobus dans les banlieues et que c’est le genre d’information qu’il faut communiquer. Il est heureux que la ville de Québec fasse un grand effort de consultation et d’information à ce sujet. Il conseille de bien utiliser le tramway, les autobus, le covoiturage, les services de vélopartage et continuer le télétravail.
Pour limiter l’étalement urbain, il croit qu’on doit tout d’abord reconnaître que c’est un problème, ce qui ne semble pas être le cas pour le gouvernement du Québec. Il est d’avis qu’il faut mettre en place des systèmes comme le tramway, améliorer de façon importante le transport en commun à Lévis, parce qu’il y a un potentiel énorme à transporter des gens de Lévis vers Québec, entre autres vers le secteur de la colline Parlementaire ou celui du boulevard Laurier et de l’Université Laval. Il dit aussi qu’on doit éviter les mauvais projets comme le 3e lien et commencer à travailler sur le comportement des gens en leur donnant du choix. Il croit qu’il faudra avoir une discussion sur l’écofiscalité avec le gouvernement en place pour changer les comportements qu’on veut limiter. Il suggère de mettre un prix sur l’étalement urbain en faisant, par exemple, une taxation kilométrique pour les gens qui utilisent le réseau public d’autoroute.
À la question à savoir si on a assez d’espace à Québec pour accueillir les gens qui viendraient vivre au centre-ville plutôt qu’à Lévis, par exemple, il répond que le potentiel est là. Notamment, la conversion de l’autoroute Laurentienne en boulevard urbain, à partir de Soumande, jusque dans le quartier Saint-Roch, ferait en sorte qu’il y aurait entre 4 000 et 6 000 nouveaux ménages qui pourraient s’installer dans ce secteur. Il pense qu’on doit rendre attrayante l’idée de vivre proche du centre en proposant quelque chose entre le condo et le bungalow.
Étienne Grandmont se dit reconnu pour ses qualités de rassembleur et sa capacité à tisser des liens entre tous ceux et celles qui veulent transformer la société pour la rendre plus juste et plus verte. Il se décrit comme étant ouvert, à l’écoute et toujours curieux d’approfondir sa connaissance du terrain. Il a l’humble conviction que ce bagage de valeurs, de réseaux et d’expérience peut faire la différence.
Concernant s’il a la fibre indépendantiste, il se dit souverainiste et est convaincu que le Québec deviendra un pays. Il veut porter ce projet à l’Assemblée nationale. Sur sa pancarte, il sera indiqué « Québec libre » et « Québec vert », parce qu’il croit important de retrouver nos pouvoirs et protéger nos institutions. De plus, il souhaite qu’on puisse décider de nos politiques environnementales, puisque le gouvernement fédéral a un grand rôle à y jouer et qu’on n’a pas de contrôle sur les pollueurs qui sont sur des terres fédérales. Il ne veut pas qu’on soit tout le temps en train de négocier avec le fédéral et demander des enveloppes sans conditions. On doit, selon lui, avoir le plein contrôle sur la destinée du Québec.
En date d’aujourd’hui, il y a aussi Madeleine Cloutier qui espère être la candidate dans ce château fort solidaire. Pour choisir qui vous aimeriez avoir comme député.e, il faut être membre de Québec solidaire, habiter la circonscription de Taschereau et avoir la qualité d’électeur. Si vous n’êtes pas membre, vous devez prendre votre carte avant le 19 mai, 23 h 59. Les candidats intéressés ont encore quelques jours pour se manifester.
Reportage de Karine Lacoste
et Dan Edmunds