Nuits psychédéliques de Québec 2023 – Kaléidoscope musical

Les Nuits Psychédéliques fêtent 10 ans de festivités psychoactives dans la ville de Québec en faisant vibrer les murs du Pantoum, le temps de trois soirées éclectiques. L’équipe de CHYZ était sur place : une texte collectif de Clément Rossin, Émilie Rioux, Érika Hagen-Veilleux et Stefan Santiago. Photo : Émilie Rioux.
Nuit 1 / Réfraction
Winterglow
Armé d’un répertoire aussi doux qu’affirmé, le projet a su enchanter la foule au rythme de mélodies transcendantes et apaisantes. Doté d’une énergie remarquable portée par des percées vocales inouïes, le quatuor a su ouvrir la première soirée des Nuits Psychédéliques avec brio. C.R.
N Nao
La rencontre entre l’atmosphère d’un Pantoum Psychédélique et l’univers planant et songeur proposé par N NAO peut être caractérisé comme un franc succès. Pour le décrire en un mot, il s’agit d’un véritable trip à travers les cieux et les âges, sans quitter Saint-Roch. Si la musique nous invite à une certaine introspection, les nombreux regards captivés du public rivés sur la scène ne trahissent pas! C.R.
Perséide
Planté en demi-cercle sur la scène, l’imposant septuor originaire de Trois-Rivières venait lancer Les couleurs d’été, un nouvel album rythmé et lumineux. Malgré qu’il était difficile d’observer le travail de tous les musicien.nes, parfois tapis dans la pénombre et la fumée, les vibrations musicales ont visiblement touché le public. Tantôt assis au sol pour contempler les projections de Louis-Robert Bouchard, tantôt au déhanchement nonchalant, les inconditionnel.les du psyché-pop sont reparti.es le cœur joyeux de cette première nuit, des Perséide [sic] dans les yeux.. E.R.
Nuit 2 / Miracle Isosonique
Bénévole
Nouveau venu dans la scène musicale de Québec, Bénévole est un détour recommandé pour les fans de sonorités garages et de prose francophone. Malgré une présence scénique légèrement réservée, la proposition du groupe ne l’est pas du tout. Le quatuor a ouvert la soirée avec aplomb, pour notre plus grand plaisir, en invitant le public à passer le mot et rester à l’affût des suites du projet. On est sorti du show avec la puce à l’oreille. É.H-V
Bhopal’s Flower
Méconnu de la très grande majorité du public présent ce soir-là, le groupe de Montréal avait tout à prouver. Affichant une collection de chansons plutôt douces, fortement ponctuées de sitar, Bhopal’s Flower ont surtout rafraîchit les spectateurs et spectatrices avec leurs refrains accrocheurs rappelant le folk beatlesque des années 60. E.R.
Elephant Stone
La soirée était déjà bien saucée en sitar après le passage de Bhopal’s Flowers, mais personne ne s’est plaint quand Éléphant Stone en a rajouté au menu. Le groupe de Montréal a fait lever le dancefloor avec son psych rock imbibé des années 60 et ses influences de musique classique indienne. C’était nostalgique et actuel à la fois, un heureux mélange qui nous a étampé un sourire dans face et donné envie de grouiller. Recette bien réussie, on a eu chaud, pis on était content.es d’être content.es, comme c’est souvent le cas entre les murs du Pantoum. É.H-V
Nuit 3 / Densité Spectrale
une analyse musicologique de Stefan Santiago
La troisième et dernière nuit du festival surgit du noir comme la créature du marais qui tire sa force vitale de ses environs denses et saturants. Au lieu de patauger dans des flaques aquatiques et végétales, nous avons traversé une mer onirique, vaste et réverbérante.
Osumi
La soirée démarre avec les maîtres du riff OSUMI (Québec) qui créent de vastes champs sonores à partir d’une séquence harmonique de quelques accords, ou d’un riff qui plane au-dessus du patron rythmique augmentant en intensité jusqu’à ce que la prestation atteigne un niveau supérieur d’intensité. En partie jam band, en partie stoner rock et en partie métallique avec une sauce de blues rock, dream pop et dive, ce groupe a donné un bon coup d’envoi à la dernière soirée. On dirait, sans réserve, que cette première apparition aux Nuits psychédéliques a été un succès, et on a hâte de les revoir au Pantoum l’année prochaine.
Autre Part
Ensuite, descendant de l’éther pop et post-rock montréalais, Autre Part a frappé le public avec une musique qui semble côtoyer la frontière entre le rock ambiant à la Explosions in the Sky et le post-punk chougéïse (ou shoegaze) de Placebo. Néanmoins, la voix de Nicolas Roy-St. Pierre, qui tranche avec l’intensité du screamo, donne certainement une intensité singulière à la musique. Sagement propulsé par une section rythmique qui se lance, à des moments stratégiques, dans l’exécution des hémioles, ce groupe nous présente une musique qui possède à la fois une complexité planante et agressive.
Atsuko Chiba
Comblant la soirée, c’était le quintette montréalais, Atsuko Chiba, qui a émerveillé la salle avec ses créations hypnotiques, ses tensions musicales palpables, ses syncopes et rythmes distinctifs. Une de leurs compositions possédait une forte trace de valse (valse rock cauchemardesque, si vous voulez) qui basculait entre deux accords sans résolution, créant une tension et un intérêt qui n’échappa point au public appréciatif et solidaire. Avec une voix qui rappelle la crudité de Zach de la Rocha ou le timbre rocailleux de Dan Auerbach, accompagnée de synthétiseurs qui éblouiraient le panthéon du rock progressif (dont Emerson, Lake et Palmer) Atsuko Chiba a bien clôturé le festival en nous rappelant à travers la musique qu’il n’y a pas de vie sans la mort. Ne manquez pas leur dernier album sorti il y a peu de temps, Water, it feels like it’s growing.